LE CARÊME
Dans la vie, tout ce qui est important se prépare : une fête, une réunion, un mariage... Dès le début de l’Eglise, c’est par une préparation d’un jour de jeûn absolu, puis de deux jours au IIIème siècle, et finalement par un jeûne purificatoire durant quarante jours à partir du IVème siècle, que l’importance de la fête de Pâques a été manifesté chez les chrétiens.
Cette quarantaine fut appelée la « Quadragésime » et mot « carême » en découle. La quarantaine fut, au IVème siècle, avancée au mercredi des Cendres pour qu’il y ait effectivement quarante jours de jeûn; les dimanches en avaient toujours été exempts.
Le Carême va devoir son organisation à trois axes de la vie de L’Eglise :
1) pour les chrétiens, c’est un temps de préparation spirituelle à la fête de Pâques : à cet effet, on y pratique le jeûn, le partage et la prière.
2) pour les catéchumènes, c’est la dernière étape de la préparation de leur baptême qui aura lieu au cours de la nuit pascale.
3) pour les pénitents, c’est la préparation de leur « réconciliation » qui aura lieu le Jeudi-Saint.
De ces axes, demeurent aujourd’hui certaines pratiques qui ne sont compréhensibles que si l’on remonte à leurs origines :
Les Cendres sont le passage à tous les chrétiens, à partir du Xème siècle, d’un rite provenant de la mise en pénitence des pêcheurs publics.
Les cérémonies de la semaine sainte restent très marquées par la façon dont, dès le IVème siècle, on célébra les jours saints sur les lieux mêmes où Jésus les avaient vécus, c’est-à-dire à Jérusalem.
Les évangiles des années A doivent leur choix à la catéchèse baptismale des adultes qui achevaient la préparation des catéchumènes par les grands récits sur le sens et l’importance de l’eau (la Samaritaine), de la lumière (l’aveugle-né), et la vie en Christ (Lazare).
Une vie de conversion. Le Carême s’ouvre le mercredi des Cendres, par le grand appel de St Paul aux Corinthiens (2Co 5;20) : « Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu. » Si Pâques est une fête si importante qu’il faut la préparer si longuement, c’est qu’elle nous plonge dans la mort et la résurrection du Seigneur. Le Carême est une descente du chrétien dans la mort du Christ, par la conversion.
Une vie baptismale. Nous ne sommes plus au temps du grand catéchuménat des adultes, au IVème ou Vème siècle. Mais il y a aujourd’hui encore des catéchumènes. Le Carême est un temps baptismal. La plongée dans la mort du Christ n’a de sens que dans la remontée : Pâques nous fait remonter vivant de la vie même du Christ Ressuscité. Le pape St Léon disait au Vème Siècle : « Le carême est le temps où les chrétiens se préparent à leur régénération dans le christ. »
Une vie fraternelle. La privation, le jeûne n’ont pas en eux leur fin. Ce sont des pratiques pénitentielles qui accompagnent la conversion intérieure. « Déchirez vos coeurs et non vos vêtements », dit aussi le prophète Joël, le mercredi des Cendres (Joël 2;1 é). Et la conversion, ce n’est pas se tourner vers quelque chose, vers quelqu’un : Dieu et les autres, spécialement les plus démunis.