LE TRIDUUM PASCAL
Dans l’histoire de l’Eglise, la première fête de Pâques, c’est le dimanche, tout dimanche : le jour du Seigneur.
Mais dès le début du IIe siècle, les chrétiens se mirent à célébrer plus particulièrement le dimanche qui suivait la Pâque juive, pour commémorer plus solennellement le jour où le Seigneur Jésus passa de la mort à la vie (Pâques vient de l’hébreu Pessah qui signifie « passage », cf. le passage de la mer Rouge).
Conformément à la pratique juive, une telle célébration ne pouvait avoir lieu que la nuit venue. Le jour, chez les Juifs, ne change pas, en effet, à 0 heure, mais à la tombée du jour, au moment où apparaît la première étoile. C’est cette ancienne tradition qu’a restaurée le pape Pie XII pour la nuit pascale en 1951 et pour le Jeudi saint et le vendredi saint en 1955. (C’est pour la même raison que la messe du samedi soir est déjà une messe du dimanche.)
Très vite, cette nuit pascale fut choisie pour la célébration des baptêmes. Quel moment pourrait mieux convenir, en effet, puisque, selon saint Paul (Rm 6, 3-5), le chrétien, par le baptême, est plongé dans la mort du Christ pour vivre de la vie nouvelle du Ressuscité.
L’allumage des cierges, puis un peu plus tard, la bénédiction du feu nouveau vinrent admirablement traduire le plus profond de la foi par le symbolisme le plus « éclairant ».
Tenant à la fois de la tradition juive (le souvenir des « quatre nuits » : création du monde, sacrifice d’Abraham, Exode, venue du Messie) et de la célébration des baptêmes (passage de la mer Rouge, Ezéchiel 36, Romains 6), la liturgie de la Parole culminant dans l’annonce de la Résurrection donne à la communauté des chrétiens rassemblés le plus intense des condensés de la foi.
Bien évidemment, la célébration du Jeudi saint est d’abord la commémoration de l’institution du sacrifice eucharistique : c’est la Cène du Seigneur.
Mais il est important pour notre façon de le célébrer de ne pas isoler l’Eucharistie de son rayonnement. C’est aussi que le Jeudi saint fut aussi, dès le IVe siècle, le jour de la réconciliation des pénitents et, dès le VIIe, le jour de la célébration des Saintes Huiles qui font donc référence au baptême, à la confirmation, à l’ordre et à l’onction des malades, c’est-à-dire à toute la vie de l’Eglise.
Enfin, avec une audace bien supérieure à ce que fit ensuite la réforme liturgique de Vatican II, c’est le pape Pie XII qui, en restaurant le tridum pascal, inséra le rite du lavement des pieds dans la célébration de la Cène, conformément à l’évangile de saint Jean, alors qu’il était précédemment placé à la fin des Vêpres.
Tout entier orienté vers le Crucifié, par l’hommage à la croix et la lecture de la Passion, le Vendredi saint se déploie en intercessions, jusqu’à la possibilité, depuis la réforme de Pie XII en 1955, de communier à celui qui, sur cette croix, a « livré son corps pour nous ».
Le Samedi saint est un jour sans liturgie, puisque la veillée pascale nous rappelle cet ahurissant mystère du Fils de Dieu vivant passant par la mort pour nous sauver. C’est comme un jour « vide » qui laissera toute la place à l’éclatant Alléluia de la nuit.
