MURMURES ET DOUTES DU PEUPLE
LE LIVRE DES NOMBRES
POURQUOI NOUS AVOIR AMENES ICI ? (Nombres 20, 1-13)
Le texte ci-dessus est tiré du livre des Nombres. Ce livre de la Bible raconte la suite de la marche du peuple dans le désert jusqu'à son entrée en Palestine.
Mais il ne la raconte pas n'importe comment. Les prêtres du retour de l'exil racontaient l'histoire passée avec des schémas qui correspondaient à leur rôle dans la société et à leur idéologie. Là aussi nous sommes assez loin de Moïse. Nous relevons simplement quelques traces de cette manière dans le texte ci-dessus.
TOUTE LA COMMUNAUTE
Le livre des Nombres est le livre de la "communauté". Il ne s'agit plus d'un peuple en armes qui lutte mais d'une communauté religieuse. Tout y est bien réglé. Les tribus sont dénombrées par des recensements minutieux (d'où peut-être le nom de livre des Nombres). Chaque tribu a sa place propre dans le campement, dans l'ordre de la marche. Parmi ces tribus, celle des Lévites (d'où viennent les prêtres) a une place de choix : au milieu du camp (2, 17). La communauté du retour de l'exil était aussi en grande partie religieuse et les prêtres et leurs serviteurs, les Lévites, y avaient une place de choix.
AARON L'ANCETRE DES PRETRES
Les textes écrits par l'école des prêtres joignent très souvent Aaron à Moïse. Et pour cause. Aaron est de la tribu de Lévi (tribu sacerdotale). Dans la tradition, il sera regardé comme l'ancêtre des prêtres choisi par Dieu. En joignant le nom et l'action d'Aaron au nom et à l'action de Moïse, les prêtres font remonter leur autorité à l'origine même du peuple.
Au retour de l'exil, il y avait la loi de Moïse et les descendants d'Aaron chargés de l'appliquer ou de la faire appliquer.
LA TENTE DE REUNION
Les auteurs du livre des Nombres montrent qu'au milieu du camp des tribus entouré par la tribu de Lévi il y avait la tente de réunion. Elle était regardée comme le lieu de la présence de Dieu dans le camp et comme le lieu de rassemblement des Israélites. Pour les lecteurs du 5° siècle (après l'exil) elle faisait inévitablement penser au temple de Jérusalem qui avait été rasé pendant la catastrophe et qu'il fallait reconstruire.
LE BATON D'AARON
Le bâton signifie l'autorité. L'histoire sacerdotale montre que parmi les bâtons des différents chefs de famille déposés devant la tente de réunion un seul a bourgeonné : c'était celui d'Aaron. Signe évident que Dieu a choisi Aaron, sa tribu, et ses descendants pour détenir l'autorité en Israël (Nb 17, 10-26). Dans le texte ci-dessus Aaron, grâce à son bâton, doit rassembler la communauté qui se rebiffe. N'est-ce pas également ce que font les prêtres au retour de l'exil ?
LES FILS D'ISRAEL CHERCHENT QUERELLE
Dans les récits de la marche au désert les prêtres soulignent les murmures et révoltes de la communauté : le regret des oignons de l'Egypte, la contestation de l'autorité de Moïse, etc... Ils montrent aussi comment Dieu en vient à bout par la bonté ou par le châtiment. Au retour de l'exil, que de problèmes et probablement que de murmures : il faut s'arranger avec ceux qui n'étaient pas partis en exil. Il faut reconstruire les maisons, les remparts, le temple. Ça n'avance pas vite. Et Dieu n'intervient pas ! Les prêtres disent alors au peuple : regardez les murmures et le manque de foi des Hébreux dans le désert! A quoi cela a-t-il abouti ?
LA SAINTETE
Encore une idée chère aux prêtres. Yahvé est le Saint par excellence. Le Dieu qui habite parmi son peuple est si grand qu'il ne peut rencontrer directement le peuple. Entre Yahvé et le peuple il faut des intermédiaires : ce sont les prêtres et les Lévites. Sans eux la communauté ne pourrait tenir devant Yahvé saint et terrible. Ils forment comme un écran protecteur. D'où aussi leurs privilèges qui selon l'histoire sacerdotale remonteraient au désert (voir Nb 18, 8-19 et 18, 20-32).