Aumônerie Catholique de Mourmelon
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-933: Le schisme
LE SCHISME DE 933
 
 
 
A.     UN AGE D'OR MAIS POUR QUI ?
 
 
            Qui ne connaît le jugement de Salomon ? Un roi plein de sagesse menace de couper en deux un bébé pour que la vraie mère se révèle. (1 Rois 3, 16-28). La réalité est plus compliquée que ce souvenir édifiant et astucieux. Vers 970 avant Jésus-Christ, Salomon le "pacifique" (Shalom signifie "paix") succède à David le guerrier. Les intrigues, les luttes et les révoltes pour la succession ont fait couler beaucoup de sang (2 S 13, 29 ; 18, 14 ; 20, 10 et 1 R 2, 25 ; 2, 34).
 

 
            Sous Salomon, les transformations sociales commencées du temps de son prédécesseur se développent. La centralisation étatique s'accentue. Les fonctionnaires du royaume prennent de plus en plus de place. L'urbanisation se poursuit et engendre de nouveaux modes de vie. La propriété privée de certains biens, surtout en ville, remplace l'ancienne propriété collective. Pendant les premières années de son règne, Salomon peut encore profiter de l'état de grâce de la royauté naissante.
 
 
UN GIGANTESQUE CHANTIER
 
            En quelques années, le pays est transformé en un immense chantier. Premier objectif de Salomon : la construction du temple de Jérusalem. Il sera le centre religieux du nouveau royaume et un instrument de centralisation. Des milliers d'ouvriers travaillent à Jérusalem ou sont en déplacement pour chercher le bois de cèdre au Liban. Des techniciens de Tyr (une ville commerçante construite sur une île près de la côte libanaise) sont appelés pour diriger des travaux et travailler le bronze. La construction de l'édifice durera sept ans (1 R 5, 15 ; 6, 38).
 
            Mais Salomon ne s'arrête pas là. Il se fait construire "la galerie de la forêt du Liban", la salle des colonnes, la salle du trône, son habitation privée, une autre pour la fille du pharaon. D'autres chantiers s'ouvrent : les jardins de Jérusalem sont aménagés ; des citernes sont creusées ; des aqueducs sont construits (1 R 7, 1-8).
 
            Israël est transformé en une immense forteresse. Les anciennes villes cananéennes fortifiées, maintenant aux mains des Israélites, sont consolidées. L'armée est modernisée. Jusqu'à présent, les Hébreux étaient terrifiés par les chars des ennemis. Salomon va doter son armée de chars. Mais cette force de dissuasion ne sera guère utilisée (1 R 10, 26). Enfin - gageure pour d'anciens hommes du désert - Israël se lance dans une voie nouvelle, celle de la construction navale.
 
 
UN RAYONNEMENT SANS PRECEDENT
 
            La renommée de Salomon dépasse les frontières. Il traite d'égal avec l'Egypte affaiblie. Il a comme femme une fille de pharaon. Il est lié d'amitié - non désintéressée - avec Hiram, roi de Tyr, le businessman de la Méditerranée. Il reçoit en grande pompe la reine de Saba. Il la séduit de beaucoup de manières (1 R 10, 1-13).

            Les fonctionnaires royaux et les commerçants ont besoin de scribes. L'écriture se répand. On met par écrit des collections de proverbes, sagesse populaire ou sagesse de cour. Les premiers textes écrits de l'histoire biblique datent aussi de cette période.
 
            L'époque de Salomon, un âge d'or ? Oui, comme le fut l'époque de Louis XIV et de Napoléon en France.
 
 
QUI PAYE ?
 
            Avec quel argent Salomon a-t-il pu ouvrir tous ces chantiers, acheter bois et chevaux, faire vivre sa cour ?
 
            Il faut d'abord dire que lorsqu'il arrive au pouvoir, les coffres de l'Etat sont pleins. Il y a l'or et l'argent ramassés par David lors de ses victoires successives. Mais cela ne suffit pas. Salomon va donner à son pays une nouvelle organisation. Les douze tribus sont remplacées par douze districts royaux. Le quadrillage administratif cherche à se supplanter aux anciens liens de sang. A la tête de chaque district, il y a un préfet. Chacun des douze préfets doit ravitailler le palais pendant un des douze mois de l'année. Pour cela, il impose les paysans qui doivent livrer du froment, de l'orge, du vin, de l'huile. A ces impôts, s'ajoutent les corvées. D'abord pour les Cananéens, mais bien vite aussi pour les fils d'Israël. Ils sont transformés en manœuvres pour assurer le transport de pierres ou de bois sous la conduite de surveillants israélites et de techniciens phéniciens (1 R 4, 7 ; 5, 6).
 
 
LE COMMERCE EST-IL RENTABLE ?
 
            Salomon se lance aussi sur la voie du commerce. C'est un terrain neuf pour Israël. Utilisant la position géographique de la Palestine, il met en route une organisation d'import-export de chevaux entre l'Egypte et l'Asie. Il cherche des marchés en Méditerranée, mais se heurte à son ami qui est le maître des lieux : Hiram, le roi de Tyr. Il prévoit une prospection commerciale vers le Sud, vers le pays d'Ophir, un pays riche et mystérieux où l'on pourrait troquer quelques pacotilles d'exportation contre des marchandises très rares : or, aromates, pierres précieuses, animaux exotiques... Mais encore faut-il fabriquer ces produits d'exportation. Qu'à cela ne tienne.
 
 
UNE CITE OUVRIERE
 
            Salomon fait construire une ville industrielle sur la côte de la mer Rouge, près du golfe d'Aqaba : Ecion Gueber. Le climat est très dur. Les vents chauds sont malsains. Mais, c'est l'économie qui commande. La ville est près de la mer, ce qui facilite l'exportation. Elle n'est pas loin des mines de cuivre du Sinaï, ce qui facilite le transport. Elle est située dans un endroit où le vent de la mer Rouge souffle très fort. Ce qui remplace les souffleries des "hauts-fourneaux".

 
 
            La ville est organisée par quartiers correspondants aux différentes étapes de la production : concassage, fonderie, finissage, fabrication. La production est assez grossière : des harpons, des petites idoles, des figurines d'animaux, des récipients, des clous. Mais c'est toujours assez bon pour être troqué contre des marchandises précieuses venant des populations "moins civilisées" de l'Arabie et de l'Afrique (peut-être de la région du détroit d'Oman à l'entrée de la mer Rouge)...
 
            L'expédition vers Ophir aura lieu (1 R 9, 26-28). Cette opération se solda par un échec. Ce fut la première et probablement la dernière.

LA REVOLTE GRONDE SUR LES CHANTIERS
 
            Le soi-disant "âge d'or" de Salomon reposait avant tout sur l'exploitation de l'Israélite, non plus par Pharaon, mais par le propre roi d'Israël. A l'enthousiasme qui a caractérisé les premières années du règne succède la lassitude et la révolte.
 
            Le point chaud est un chantier de terrassement à Jérusalem. Il y a là un jeune contremaître venant d'un village montagnard du Nord. L'avenir lui sourit. Mais il ne met pas longtemps à découvrir le mécontentement de ses compatriotes qui, venus comme lui du Nord, travaillent dans le Sud pour le service d'un roi issu d'une tribu du Sud.
 
            Jéroboam prend la tête d'un mouvement de rébellion. Mais la police royale est bien organisée. Le complot est découvert. Pour sauver sa tête, il s'enfuit en Egypte (1 R 11, 26-40).
 
            La fin du règne de Salomon, malgré les textes qui chantent sa réussite, laisse apparaître au grand jour la faillite financière, sociale, politique et religieuse du "roi soleil" d'Israël.
 
 
B.     932 : DEUX ROYAUMES
 
 
LE NOUVEAU ROI CHOISIT LA REPRESSION
 
            Salomon meurt. Son successeur est tout désigné. C'est Roboam, son fils. Les cheikhs des tribus du Sud et les grands de Jérusalem s'empressent à le reconnaître comme roi. Mais les tribus du Nord sont absentes. Roboam décide alors de se rendre personnellement dans une ville du Nord pour y être proclamé roi. Les notables de ces tribus se retrouvent avec lui pour discuter une charte qui allégerait les impôts et les corvées. Les "anciens" conseillent au roi de prendre au sérieux les revendications du peuple. Mais les jeunes loups de la nouvelle royauté plaident l'intransigeance : "Tu diras à ce peuple : mon doigt est plus gros que le dos de mon père". Le roi suit leur conseil. Les fouets à pointes remplaceront les lanières. C'est de trop. Les tribus du Nord rompent avec le successeur de David. "Qu'il reste chez lui. Nous, on reste chez nous !" L'ancien cri guerrier : "A tes tentes Israël" reprend tout son sens (1 R 12).

 
LE PAYS EST DIVISE
 
            Entre-temps Jéroboam, le contremaître révolté qui avait fi en Egypte, est revenu dans le pays. Les tribus du Nord le proclament roi. La Palestine est donc divisée en deux royaumes : au Nord, dix tribus "le royaume d'Israël", leur roi : Jéroboam. Au Sud, deux tribus, "le royaume de Juda", leur roi : Roboam. Pour dissuader le peuple du Nord de continuer à se rendre au temple de Jérusalem (dans le Sud), Jéroboam remet en service d'anciens lieux de culte. Il fait faire deux veaux d'or (représentant le piédestal de Yahvé) et dit au peuple : "Vous êtes montés assez longtemps à Jérusalem, Israël. Voici le Dieu qui t'a fait monter d'Egypte !" (1 R 12, 28). Dans le Nord et le Sud, c'est la même religion mais avec des lieux de culte différents. Dans le Nord et le Sud, c'est la même nation, mais avec deux réalités politiques distinctes. Les mentalités aussi divergent. L'ancien particularisme des tribus se manifeste de nouveau.
 
            Pendant deux siècles, de 932 (séparation des royaumes) jusqu'en 721 (destruction du royaume du Nord), Juda (le Sud) et Israël (le Nord) vivront côte à côte, tantôt en frères, tantôt en ennemis.

MAIS OU SONT LES VRAIES FRONTIERES ?
 
            La vraie frontière, est-ce cette ligne tracée sur la carte entre les deux royaumes ? Jéroboam avait commencé la révolte parce que les ouvriers étaient écrasés sur les chantiers. Nous dirions pour des raisons de classe. Mais ceci était lié au fait que les ouvriers venaient du Nord et travaillaient sur un chantier du Sud, pour un roi issu du Sud et installé dans le Sud. Les clivages sociaux (oppresseurs - opprimés) et les clivages géographiques (Nord - Sud) semblaient donc se couvrir. Mais petit à petit, dans le royaume du Nord comme dans le Sud, l'enrichissement des riches et l'asservissement du petit peuple s'accentuera. Que la division géographique et politique des royaumes ne cache donc pas cet autre fossé qui continue à se creuser.
 
 
LE ROYAUME DU NORD : ISRAEL
 
            Le royaume d'Israël est beaucoup plus étendu et peuplé que le royaume du Sud. On a donné le chiffre approximatif de 800.000 et 300.000 habitants respectivement.
 
            Les rois d'Israël conserveront en gros l'organisation politique et administrative mise en place pas Salomon. Il leur faudra cependant du temps pour choisir leur nouvelle capitale. Ce sera chose faite sous le roi Omri (885-874). Il achète la colline de Shémer et y construit Samarie (1 R 16, 23-26). La vie du peuple est difficile. L'instabilité politique, les guerres, les grandes famines provoquent souvent des situations désespérées (1 R 17, 7-16).
 
            Le long règne de Jéroboam II (783-743) voit se confirmer la montée d'une classe sociale riche profitant du commerce international et écrasant les petits. Cette situation apparaît clairement dans les écrits du prophète Amos.
 
 
LES PREMIERS PROPHETES
 
            Le prophétisme n'est pas phénomène propre à la Bible. Dans l'ancien Orient, nous trouvons des "prophètes cultuels" groupés autour des temples et entrant facilement en transe. Des "prophètes de cour" y rassurent ou inquiètent les rois. Des prophètes mêlés au peuple, sans fonction officielle, agissent en guides spirituels.
 
            C'est dans le royaume du Nord que le prophétisme biblique apparaît d'abord avec le plus d'ampleur. Elie et Elisée ont profondément marqué l'imagination de leurs contemporains. La Bible conserve des séries d'histoires racontées à leur sujet : Elie et sa lutte contre le roi Achab qui favorise les dieux étrangers et cherche à agrandir son domaine (1 R 2-13).
 
            Les premiers prophètes écrivains, c'est-à-dire ceux qui, non seulement parlent ou agissent, mais qui fixent leur enseignement par écrit, se situent également dans le royaume du Nord. Vers 750, Amos rugit comme un lion devant le injustices de Samarie. Autour de 730, Osée essaye de mettre un peu d'amour et d'espoir dans un monde sur le point de s'écrouler. Tous sont conscients d'agir au nom de Dieu.

 
C.     721 : FIN DU ROYAUME DU NORD
 
 
            Au commencement de l'année 721, la ville de Samarie capitule. Il aura fallu trois ans à la puissante machine de guerre de l'Assyrie pour arriver à bout de la capitale d'Israël. Maintenant c'est la fin. La ville où résidait une grande partie de la classe dirigeante est occupée par l'ennemi. Ses remparts sont détruits. Ses palais sont brûlés. Que devient la population ? Elle se divise pratiquement en trois groupes.
 
 
LES RICHES SONT DEPORTES EN ASSYRIE
 
            Le premier groupe, constitué des princes, des hauts fonctionnaires, des dignitaires du royaume, des prêtres, des gros propriétaires, est déporté en Assyrie (dans la région de l'Irak actuel). La vie des déportés ne sera pas très dure. Le but du conquérant était surtout de les déraciner et de les assimiler à la population assyrienne. Il y réussira sans peine.
 
 
LE PETIT PEUPLE RESTE SUR PLACE
 
            Un deuxième groupe de la population, de loin le plus important, était le petit peuple, sans nom. Il habitait dans les villes (souvent réduit en esclavage) et surtout à la campagne.
 
            Vidés de ses chefs politiques et spirituels, Israël est occupé par des troupes étrangères et peuplé par une population mélangée : d'une part les anciens habitants restés sur place, d'autre part les populations amenées par le conquérant venant des bords de l'Euphrate et de la Mésopotamie. Nous retrouvons les descendants de cette population mélangée et le mépris des vrais juifs à leur égard dans les pages de l'Evangile concernant les Samaritains (Jn 8, 48).
 
 
QUELQUES-UNS SE REFUGIENT DANS LE SUD
 
            Un troisième groupe beaucoup plus restreint quitte le pays et se réfugie dans le royaume du Sud, notamment à Jérusalem. Bien que le groupe soit très petit, il est de grand intérêt pour nous. En effet ces réfugiés ont amené avec eux un certain nombre de documents du royaume du Nord (des textes concernant l'histoire d'Israël, des textes législatifs et prophétiques). Ces écrits seront intégrés dans l'ensemble de la tradition biblique qui parviendra jusqu'à nous.
 
 
UN ECHEC CUISANT MAIS EXPLICABLE
 
            La fin du royaume du Nord est un échec cuisant pour l'ensemble du peuple d'Israël. Dix des douze tribus sont rayées de la carte et éliminées de l'histoire. Que reste-t-il du grand royaume de David ? Quelques petits cantons autour de Jérusalem.
 
            La fin du royaume du Nord n'est pas un hasard. Elle est la suite d'un processus de dégradation économique, politique et religieuse d'Israël. Elle s'inscrit dans l'évolution générale du Moyen-Orient au VIIIème siècle avant notre ère : dès qu'un géant se lève à l'Est ou à l'Ouest, les petits peuples sont détruits ou satellisés. Surtout s'ils sont en pleine décomposition intérieure. C'est ce qui se passa pour Israël. Le peuple ne put résister pas les armes au géant assyrien. Une fois vaincu, il lui manquait la cohésion nécessaire pour survivre en tant que peuple et résister à la vague qui l'emportait et le noyait.

                        Parmi les documents de cette époque, nous retiendrons :
 
                                   I.          La première écriture de l'histoire depuis les origines jusqu'à la royauté,
                                               réalisée à Jérusalem au temps de Salomon.
 
                                   II.        Le cri du prophète Amos devant l'injustice à Samarie.
 
                                    III.       L'apport original du prophète Osée à l'approche de la chute de Samarie
 
 
I.       LA PREMIERE "ECRITURE DE L'HISTOIRE" vers 950
 
 
            A quatre reprises au moins, les scribes d'Israël ont écrit ou réécrit l'histoire de leur peuple. La première fois, ce fut au temps de Salomon par un (ou plusieurs) scribe(s) auquel on donne le nom de "Yahviste(s)".
 
 
UN PEUPLE QUI SE SOUVIENT
 
            Pour écrire son histoire, notre scribe ne part pas de zéro. Israël ne possédait pas comme les empires voisins d'immenses scènes de batailles et de victoires gravées sur les murs des palais et des temples. Mais il possédait beaucoup plus : la mémoire vivante de son peuple. Elle s'exprimait de mille manières. Le soir en veillée, à la maison ou autour du feu du campement, on se racontait de père en fils les voyages d'Abraham, les aventures de sa descendance, on évoquait les temps durs de l'esclavage en Egypte, la victoire sur pharaon, la marche pénible du désert, la figure de Moïse, la conquête de la terre, les exploits des juges.
 
            On cherchait des solutions aux questions sur les origines : d'où viennent les douze tribus ? D'où viennent les peuples voisins ? Comment sont nés les villes ? Pourquoi y a-t-il des rivalités entre bergers et paysans (Abel et Caïn) ? Que signifient les catastrophes naturelles (déluge) ? Pourquoi y a-t-il une telle multiplicité des langues (Babel) ? D'où vient le monde, l'homme, la femme, le mal ? On répondait à ces questions comme on pouvait en utilisant de vieilles légendes que l'on repensait à la lumière de l'histoire actuelle.
 
 
UN SCRIBE AVISE...
 
            C'est dans cette tradition vivante, inscrite au cœur du peuple que notre scribe va chercher ses matériaux pour composer sa grande fresque historique. Il ne raconte plus "des histoires" comme on le faisait dans les veillées. Il compose "une histoire". Une histoire qui part des origines et qui se poursuit jusqu'à l'époque de Salomon. Bien plus il continue à écrire cette histoire qui lui est contemporaine. Il rattache ainsi l'histoire présente à l'histoire passée.
 
            Dans tout cela il faisait œuvre de précurseur. Non seulement en Israël, mais dans le monde. Il devançait de cinq siècles les premiers grands historiens de la Grèce et de la Chine.
 
            Mais son œuvre n'était pas gratuite. Le pouvoir royal la regardait d'un bon œil. elle avait un impact politique. Elle donnait confiance au peuple en renforçant son identité : celle d'un peuple libéré, conduit vers une terre. Tout en se permettant de critiquer les rois, elle consolidait la royauté en l'enracinant dans le passé et en la présentant comme le développement actuel de l'histoire. Enfin elle pouvait devenir un facteur d'unité nationale en rassemblant dans un même ouvrage des traditions venant de tribus diverses et parfois opposées.
...REALISTE, OPTIMISTE...
 
            L'auteur est un réaliste. Il ne ferme pas les yeux sur le mal. La mort, la haine (Caïn), les cataclysmes naturels (déluge), la division des peuples (Babel) sont pour lui de dures réalités. Mais chaque fois, le bien l'emporte sur le mal. La femme n'est pas seulement séductrice. Elle est mère des vivants. Caïn n'est pas seulement meurtrier. Il sera aussi protégé (Gén 4, 15). Le déluge est passé. Il n'y en aura plus. Les peuples sont dispersés à Babel. Voici l'appel d'Abraham en qui seront bénis tous les peuples.
 
            Israël est esclave en Egypte. Voici Moïse. Après chaque raté, il y a un pas en avant. Pour notre scribe, c'est clair : la descendance de la femme l'emportera sur celle du serpent (Gén 3, 5). C'est son expérience. C'est la foi en Yahvé.
 
 
QUELQUES TEXTES DE L'HISTOIRE YAHVISTE
 
            Malheureusement nous n'avons pas cette fresque historique à l'état pur. Dans la Bible, elle est mélangé aux autres relectures de l'histoire, par exemple à celle qui a été faite dans le royaume du Nord au 9ème siècle par l'élohiste et qui a été rapportée au Sud par les réfugiés. Nous avons déjà donné un exemple du mélange de ces deux traditions dans la présentation du récit de la sortie d'Egypte.
 
 
II.      AMOS ET L'INJUSTICE SOCIALE vers 750
 
 
            Le petit livre d'Amos - facile d'accès - nous introduit à la fois dans la société pourrie de Samarie au 8ème siècle et dans l'audace d'un prophétisme social (Amos 6, 4-7).
 
 
OFFICIELLEMENT C'EST UNE PERIODE DE PROSPERITE
 
            Le roi Jéroboam II règne depuis vingt ans en Israël. Il a la situation bien en main. Les frontières sont élargies et sûres. Les commerce intérieur et extérieur est florissant. L'argent coule comme l'eau. Dans la capitale, Samarie, le luxe s'étale sans honte. Le mobilier devient de plus en plus distingué : tapis, couvertures, lits, coussins, meubles incrustés d'ivoire et d'ébène. Ceux qui possèdent un palais d'hiver. On se laisse vivre, allongé sur les divans, au son des instruments de musique. La situation à Jérusalem n'est d'ailleurs guère différente de celle de Samarie.
 
 
EN FAIT LA SITUATION SOCIALE SE DEGRADE DE PLUS EN PLUS
 
            D'où vient cette richesse qui s'étale devant nous ? Les hommes les plus clairvoyants de l'époque n'étaient pas dupes. Pour Amos, c'est le résultat de tout un processus d'exploitation. Il le dit avec ses mots à lui. Mais il le dit clairement : "Ils oppriment le juste. Ils extorquent des rançons" (5, 12). Ils disent : "Nous fausserons les balances pour tromper. Nous achèteront le pauvre pour de l'argent et le juste pour une paire de sandales" (8, 6). Ils faussent les relations entre les fils d'Israël, transforment les relations de fraternité en relations marchandes. Les lois même du commerce sont faussées. Mais il y a la loi. La loi de Moïse ! N'est-elle pas pour la défense du faible ? Qu'à cela ne tienne ! Quand on a l'argent et le pouvoir, on peut se permettre de "tordre" la loi : "Ils changent le droit en poison et jettent à terre la justice" (5, 10 et 6, 12).

            Mais "ils", c'est qui ? C'est cette nouvelle classe dominante qui est née avec la royauté et qui s'est de plus en plus enrichie sur le dos des peuples voisins et du peuple d'Israël. Les objets d'art qu'ils entassent dans leurs palais et que nous admirons aujourd'hui (les ivoires de Samarie, par exemple) sont le fruit de la violence et du vol.
 
 
LA RELIGION SERT DE TRANQUILLISANT POUR LES UNS ET D'EVASION POUR LES AUTRES
 
            Ceux qui détiennent l'argent et le pouvoir à Samarie sont aussi les maîtres de la religion officielle. Ils ont construit un temple à Yahvé à Bethel, un sanctuaire royal (7, 12). Ils payent leurs prophètes et leurs prêtres et soutiennent un culte somptueux. Ils trouvent des raisons pour se donner bonne conscience. La richesse n'est-elle pas une bénédiction de Yahvé ? Mais en appliquant ce principe à une situation nouvelle, ils récupèrent cette tradition d'Israël à leur profit. En effet; la richesse était considérée comme une bénédiction de Yahvé lorsqu'il s'agissait dans le désert de la fécondité du troupeau ou de la fertilité des récoltes, mais non lorsqu'il s'agissait d'une richesse acquise par l'exploitation de son propre peuple. Ils affirment avec sécurité : "Yahvé est avec nous !" (5,14).
 
            Le peuple écrasé, en revanche, était beaucoup moins près de ce dieu officiel, garant de la richesse des riches. Il se tournait volontiers vers des dieux plus populaires. Ces Baals et ces Astartés qui lui promettaient la pluie en temps voulu, une bonne récolte et une certaine sécurité.
 
            Ainsi la religion était autant faussée que la société. Plus personne n'était capable de lire les signes de Dieu dans les événements (4, 4-12). "Elle est tombée bien bas la Vierge d'Israël" (5, 2). Se relèvera-t-elle ?
 
 
C'EST ALORS QUE SURGIT AMOS. QUI EST-IL DONC ?
 
            Qu'il se présente lui-même ! "Je n'étais ni prophète , ni frère de prophète. J'étais berger et je cultivais des sycomores. C'est Yahvé qui m'a pris de derrière le troupeau. C'est Yahvé qui m'a dit : "Va prophétise à mon peuple Israël" (7, 14-17).
 
            Amos n'est donc pas un de ces prophètes de métier payé par les rois. Il vient du royaume du Sud. Il gagne sa vie par son travail de berger et de cultivateur. Il sent peser sur lui et ses compatriotes le poids des corvées et des impôts. Il est outré de voir ce qui se passe à Samarie. Yahvé ne peut être d'accord avec une telle exploitation du peuple. Impossible de se taire. "Le lion rugit qui ne craindrait. Yahvé parle qui ne prophétiserait" (3, .
 
            Amos ne met pas les formes. Il ne fait pas de belles grimaces. Il reste lui-même. Il garde son franc-parler de paysan du Sud. Il parcourt le pays. Voici un festin des grands de Samarie. Pour Amos, c'est "l'orgie des vautrés" (6, 7). Voici une cérémonie religieuse à Bethel : "J'en ai la nausée" (5, 21). Voici les belles dames de Samarie : "Ecoutez, vaches de Basan !" (4, 1).
 
            On comprend qu'il ne fera pas long feu dans le royaume du Nord. Un tel homme est dangereux. On l'accuse de mettre en cause la sécurité du royaume (7, 10). L'expulsion ne tardera pas. A-t-il eu le temps de secouer les consciences ? Il redevient berger et planteur de sycomores. Il a le temps de mettre pas écrit les paroles qu'il vient de prononcer.

AMOS S'ADRESSE EN PRIORITE AUX RICHES. QUE LEUR DIT-IL ?
 
            "Vous profitez de la vie. Vous croyez que l'ordre règne. Mais cet ordre repose sur l'exploitation du peuple. Vous avez confiance en l'avenir. Vous vous trompez : L'avenir est plus sombre que vous ne croyez! Vous pensez vous reposer sur Yahvé. Illusion ! Il est plus proche des peuples païens que de vous (9, 7-8). Vous attendez une manifestation de Yahvé, le "jour de Yahvé", comme vous dites. Oui, il viendra. Mais ce ne sera pas ce que vous attendez. Il sera "ténèbres et non pas lumière !" (5, 18). L'horizon pour vous est bouché. La mort vous attend. Une mort terrible, lente, collective, consciente. "Je vais te clouer au sol", dit Yahvé (2, 13). "On vous enlèvera avec des crocs" (4, 2). Pas moyen d'échapper. Ce serait "comme l'homme qui fuit devant un lion et qui tombe sur un ours" (5, 18). "Ta femme se prostituera en pleine ville. Tes fils et tes filles tomberont sous l'épée. Tes terres seront partagées au cordeau. Toi-même, tu mourras sur un sol étranger. Israël sera exilé loin de son pays" (7, 17). En effet, l'Assyrie menace Israël. L'issue fatale est prévisible. Mais Amos la présente comme une intervention de Dieu en réponse aux injustices sociales et aux infidélités religieuses d'Israël : "Prépare-toi Israël à rencontrer ton Dieu" (4, 12).
 
 
Y A-T-IL UN PORTE DE SORTIE ?
 
            Oui, mais elle est bien étroite.
 
            "Sur mille hommes, il en restera cent. Sur cent, il en restera dix" (5,3). Comme le berger sauve de la gueule du lion deux pattes ou un bout d'oreille, ainsi seront sauvés les enfants d'Israël" (3, 12). "Il n'y aura qu'un petit nombre de rescapés pour sortir les ossements de la maison" (6, 10).
 
            Mais que faire pour y échapper ? C'est simple : "Cherchez Yahvé et vous vivrez" (5, 4 et 5, 6).
 
            Non comme vous l'avez fait jusqu'à présent en vous vautrant sur les divans, en exploitant le peuple et en vous tranquillisant avec de belles cérémonies religieuses, mais en rétablissant la justice. Les deux choses sont inséparables :
 
            "Cherchez Yahvé et vous vivrez" et "Cherchez le bien et non le mal et vous vivrez" (5, 12). "Que le droit coule comme l'eau et la justice comme un torrent qui ne tarit pas !" (5, 23).
 
            N'est-ce pas trop demander à la classe dirigeante d'Israël ? Décideront-ils librement de chercher la justice ou la suite des événements leur imposeront-ils une autre justice ?
 
 
III.    OSEE ET L'AMOUR BAFOUE vers 730
 
 
            Après Amos, la situation ne fait qu'empirer dans le royaume du Nord. L'exploitation des pauvres est à son comble. La terreur devant l'Assyrie plane sur le pays. Les princes d'Israël ne savent plus où donner de la tête. L'issue est fatale.
 
 
UNE EXPERIENCE DOULOUREUSE...
 
            Osée, fils de Béri, n'a pas les mêmes sensibilités qu'Amos. Il est peut-être de la petite bourgeoisie terrienne. Il en partage d'autant plus les inquiétudes pour l'avenir du pays. Croyant, il voit dans les malheurs d'Israël les conséquences des injustices et des infidélités. N'est-ce pas l'enseignement traditionnel ? Mais une expérience douloureuse va le marquer à tel point qu'elle bouleversera sa vision de l'histoire et sa conception de Dieu.

QUI FAIT "TILT"
 
            Osée aime une femme. Son nom est Gomer. Celle-ci est portée à la prostitution. Osée souffre de cet amour trompé. Il souffre aussi de la situation pénible de son peuple. Un jour cela fait "tilt" dans son esprit : sa souffrance n'est-elle pas le résultat des prostitutions de sa femme ? Les malheurs d'Israël ne sont-ils pas les résultats des prostitutions d'Israël ? Le drame qu'il vit avec sa femme n'est-il pas celui que Yahvé vit avec son peuple ? Il donne à ses enfants des noms symboliques : "Ysréel" (lieu-de-la-défaîte), "non-aimée" et "pas-mon-peuple".
 
 
UN VISAGE "OSE" DE DIEU
 
            A travers tout le livre d'Osée, Dieu apparaît comme le mari bafoué par l'infidélité de sa femme. Il est jaloux. Plein de fureur. Est-ce digne de Dieu ? "Je serai comme un lion pour Israël, je déchirerai et j'emporterai ma proie et nul ne me l'arrachera" (Osée 5, 14). "Je ne les aimerai plus" (9,15). "S'il leur naît des enfants je ferai mourir le fruit chéri de leurs entrailles" (9, 16).
 
            Mais voici que Yahvé change de sentiment. Serait-il versatile ? C'est encore moins digne de Dieu ! "Mon cœur en moi se retourne. Toutes mes entrailles frémissent. Je ne donnerai pas cours à l'ardeur de ma colère. Je ne détruirai plus Israël. Car je suis Dieu et non pas homme" (11, 9). Un mari qui enrage et qui pardonne. Jamais on n'avait encore parlé ainsi de Dieu.
 
 
UNE HISTOIRE D'AMOUR
 
            A partir de cette expérience, Osée jette un nouveau regard sur l'histoire d'Israël. Tout le passé lui revient à l'esprit : l'esclavage en Egypte, la libération, la marche dans le désert, l'occupation de la terre, la royauté. Tout cela devient une histoire d'amour entre Yahvé et son peuple. Voir par exemple
Osée 11, 1-9.
 
 
UN LANGAGE PASSIONNE
 
            Osée s'adresse à sa femme. Dieu s'adresse à son peuple. Osée 2, 4-25.
 
Heure  
   
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Prochaine(s) Messe(s):  
  Chaque samedi à 18h00
Chaque Dimanche à 10h30

24 décembre à 17h00 : Messe de la nuit de Noël
(animée par nos amis du Pacifique)
24 décembre à 22h00 : Messe traditionnelle de la nuit de Noël
25 décembre à 10h30: Messe du jour de Noël
1er janvier à 10h30 : Messe de Sainte MArie Mère de Dieu
18 février à 10h30 : Messe des Cendres
02 avril à 18h00 : Messe du Jeudi Saint
03 avril à 18h00 : Office de la Passion
04 avril à 18h00 : Vigile Pascale
05 avril à 10h30 : Messe de Pâques
13 mai à 18h00 : Messe anticipée de l'Ascension
23 mai à 10h30 : Messe de la 1ère communion (1ère partie)
31 mai à 10h30 : Messe de la 1ère communion (2ème partie)

Les 14, 16 et 17 mai mai, en raison du PMI à Lourdes, il n'y aura pas de messes

15 août à 10h30 : Messe de l'Assomption
1er novembre : Messe de la Toussaint
02 novembre à 18h00 : Messe des Défunts
 
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